Cette question est une question de bon sens dans une des régions les moins ventées de France où les éoliennes ont un facteur de charge de 22%* soit le plus faible de France.

* En d’autres termes, cela signifie que les éoliennes ne fonctionnent qu’à 22% de leur puissance nominale (la puissance nominale est la plus élevée qu’une unité de production peut délivrer), c’est à dire à 1/5 ème du temps.

Alors, pourquoi autant d’éoliennes en Bourgogne ?

L’une des réponses probables à cette question est que les éoliennes sont très rentables pour les promoteurs et pour les exploitants.

En effet, en France, la loi impose à EDF d’acheter l’électricité produite par les éoliennes au tarif de 82 euros le mégawatheure alors que le mégawatheure se négocie sur le marché mondial de l’électricité à 55 euros, soit une subvention de 27 euros (82-55 = 27 euros) ponctionnée dans la poche des contribuables pour tomber dans la poche des promoteurs et exploitants éoliens.

Mais alors pourquoi subventionner une production d’électricité supplémentaire alors que la France produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme puisqu’elle est exportatrice nette.

Comment EDF creuse son déficit et donc l’endettement des contribuables en achetant à perte l’électricité des éoliennes ?

En 2017, la France a vendu 38 TWh à ses voisins, soit 7,2 % de sa production. Cette même année la production éolienne a été de 4,5% de la production totale.

Que la France exporte de l’électricité est une bonne nouvelle pour sa balance commerciale.

Mais la loi impose à EDF les prix d’achat de l’électricité éolienne.

Aujourd’hui les promoteurs signent des contrats de 10 ans, voire 15 ans éventuellement après une régularisation, à un prix contractuel et actualisé.

Ainsi, en 2008 la loi, révisée, a fixé le prix d’achat à 82,2 €/MWH et précisé la formule d’indexation annuelle.

Ce prix de rachat est aujourd’hui de 80 €/MWH.

Mais en 2017, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) a constaté un prix moyen d’achat de 88,1€ le MWH !…

Mais la France est excédentaire et pour vendre cet excédent, elle se met sur le marché électrique européen, le marché Spotday dont le cours moyen en 2016 était de 36,7 €/MWh. (La moyenne annuelle du marché Spotday est en rouge).

Ainsi en caricaturant à peine, EDF achète à 88€ et revend à 36€.

Ces opérations creusent le déficit d’EDF et donc la charge de la facture d’électricité des contribuables.

Mais il faut également constater que les 82,2 € ont été fixés en 2008. Chacun se souvient qu’il y avait eu un vrai problème d’énergie. Le prix du marché dit « Spotday » était de 69 €/MWh.

Depuis le prix du pétrole a diminué largement, donc le prix moyen spotday aussi. Cela veut dire que l’écart entre le prix d’achat par EDF (88,2 €/MWh), et le prix de vente sur le marché (36,7 €/MWh) augmente au cours du temps.

De plus, pour votre complète information : en 2008 on installait des éoliennes de 1 MW et en 2016 des éoliennes de 3,5 MW. Aujourd’hui, on installe des éoliennes de 4 MW.

Ainsi la production par éolienne est multipliée par quatre alors que les coûts d’investissement des promoteurs éoliens n’ont même pas doublé !

Enfin, le prix spotday présenté ici est une moyenne, car, par définition, il est fluctuant car dépendant de l’offre sur le marché. Il peut monter très haut, ce n’est pas anormal, mais il peut aussi descendre très bas, il peut être en dessous de zéro.

La France peut être conduite à vendre de l’électricité en payant !

Si on a trop d’électricité, on peut avoir une panne générale et faire exploser nos circuits.

Il y a déjà eu plusieurs pics de surproduction et la France a dû payer (cher) pour vendre notre électricité excédentaire et éviter le surrégime de nos réseaux.

Comment les marges des promoteurs deviennent de plus en plus importantes ?

Petit calcul :

  • avec un facteur de charge de 21 % pendant 365 jours et 24 heures par jour, une éolienne de 3 MW va produire 5.518 MWh par an.
  • si vous multipliez cette production par le prix d’achat (88,2 €), cela veut dire que l’éolienne rapporte 487.000 € par an au promoteur…et 7,3 millions € sur 15 ans… pour un coût d’investissement de 2 à 3 millions d’euros !..

Cela veut dire que

  • si l’investissement est rentabilisé en 4 à 6 ans (3.000.000 € / 487.000 € = 6 an) pour une subvention garantie pendant les 15 ans du contrat,
  • le bénéfice par éolienne est de 4,3 à 5,3 millions € sur 15 ans pour le promoteur ! (15 ans – 6 ans = 9 ans X 487.000 € = 4,3 millions €)
  • les 7,3 millions € de subvention versés au promoteur étant payés par les contribuables !…

Alors, comment expliquer qu’avec un facteur de charge aussi faible, nos élus ont choisi parmi les énergies renouvelables de développer l’éolien dans une région si peu ventée ?

Source Jean-Marie Virely – Assises de l’éolien en Morvan – 27 Novembre 2017

 

 

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